Des formations de conformité plus engageantes

Les formations obligatoires semblent avoir échappé à toutes les approches visant à rendre l’autoformation en ligne aussi « engageante » que possible. Par exemple, la gamification ne s’y donne que rarement cours, ; idem des vidéos de formation ou des pratiques communautaires, notamment celles qui accordent la parole aux collaborateurs dès la phase de conception des contenus de formation. En matière de format, les formations de conformité en restent principalement au format originel : un module e-learning linéaire, apportant des connaissances, conclu par un quiz (souvent la seule trace d’interactivité offerte par le module).

Les Directions Formation ont donc tout à gagner à traiter ces programmes de formation avec le même souci d’engager les apprenants dont elles témoignent dans les autres domaines (celui des soft skills, en particulier), en dépassant ce paresseux principe : « Les collaborateurs n’ont pas le choix » ! Aucune raison, au contraire, de ne pas user de toutes les avancées du Digital Learning en matière de design pédagogique et du marketing de la formation. Quitte à changer le nom de ces formations, comme le conseille Joanne Etmanski Astorga, dans Learning Solutions : « Je soutiens que les formations de conformité pourraient contribuer à la satisfaction et à la motivation des employés sur le lieu de travail, si elles étaient renommées » !

Articuler les formations de conformité avec le business

Par ailleurs, les formations de conformité ont pour autre défaut d’être insuffisamment articulées avec les enjeux « business » de l’entreprise. Il semble, là aussi, qu’on se contente de peu : faute de suivre une formation pour « se mettre en conformité », le collaborateur ne peut plus exercer ses activités, sa performance opérationnelle devient donc nulle… CQFD ! Pourquoi renforcer le lien entre ces formations et l’enjeu de performance opérationnelle des métiers (souvent la priorité des Directions learning & development), puisque les deux seraient « automatiquement » liés. Ce faisant, on fait l'économie d'une réflexion utile : dépassant ce lien contraint, l’entreprise pourrait, en effet, mobiliser ces formations pour augmenter la performance opérationnelle de ses métiers. Par exemple (dans le secteur banque/assurance), elle pourrait aller au-delà du seul objectif d’actualisation de l'habilitation d’un gestionnaire de patrimoine pour inscrire sa formation dans un contexte plus large : contribution de la certification du conseiller au développement de sa confiance et de ses compétences comportementales, à la qualité de la relation client, etc. Une formation obligatoire à « l’antitrust » pourrait actualiser la connaissance des collaborateurs sur le paysage concurrentiel de l’entreprise, sur la structuration de ses marchés, confortant là aussi les agents de l’entreprise dans la relation avec leurs clients, etc.

On ne peut que conseiller aux Directions Formation d’élargir le spectre de leurs objectifs : pourquoi viseraient-elles seulement la « mise en conformité » de telle fonction dans l’entreprise, alors que ces formations obligatoires sont l’occasion d’objectiver le lien de la compliance avec les enjeux du business ?

Culture d’apprentissage et formations de compliance sont interdépendantes

Les deux pistes qui viennent d’être relevées — des formations de conformité plus engageantes et mises en relation avec les enjeux d'opérationnalité du business — sont interdépendantes : mieux engager les collaborateurs dans ces formations augmente la probabilité qu’ils soient plus performants dans le quotidien de leur travail ; inversement, démontrer le lien de ces formations avec la performance des métiers favorise l’apparition d’un design plus engageant des contenus pédagogiques (par exemple, un découpage plus fin, des formations personnalisées, des séquences écourtées).

Plus généralement, on s’assurera que les formations de conformité sont conçues et délivrées de telle façon qu’elles ne nuisent pas à la culture d’apprentissage de l’entreprise. Au contraire, on observera que l’existence d’une forte culture d’apprentissage donnent plus de poids à ces formations.